Déserts médicaux : les solutions peuvent-elles venir des territoires ?
2023
Contexte du projet.
Dans le cadre du colloque CIST 2023, une réflexion était engagée sur les territoires en décroissances ; la question de l’innovation dans ces territoires se polarisant entre deux approches, l’une les considérant comme des « laissés-pour-compte » de la course à l’innovation et l’autre comme des laboratoires de nouvelles pratiques d’aménagement.
Il en résulte généralement, soit une stigmatisation, soit une héroïsation de ces territoires pourtant plus complexes.
Cette session de travail proposait de questionner les enjeux, les spécificités et les limites de l’innovation dans les territoires en décroissance. L’objectif était de présenter en quoi ces actions participent, ou non, à la production d’innovations en matière de gouvernance locale, d’élaboration de projets et de stratégies territoriales.
En se basant sur les données du SNIIRAM, cette étude pose un état des lieux de la décroissance dans le domaine de la santé en région Centre-Val de Loire, aussi bien en termes de démographie médicale, que de difficultés d’accès aux soins.
En analysant les actions menées par l’URPS-ML au cours des dix dernières années, nous avons pu montrer que les fragilités de la région ont été, avec l’accompagnement adéquat, des moteurs de mobilisation et d’innovation pour les professionnels de santé.
Principales conclusions.
La région Centre-Val de Loire est un territoire en décroissance : déclin démographique, économique, perte d’attractivité et de dynamisme. Le secteur de la santé n’échappe pas à cette tendance, avec un déficit chronique de médecins, des « déserts médicaux » aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale, une faible attractivité de la faculté de médecine aux ECN, une « fuite » des internes formés en région, etc.
Pour autant, la région a été territoire expérimental pour de nombreux programmes de santé publique et un terreau d’innovations pour de nouvelles organisations sanitaires. Elle est aujourd’hui la seule région entièrement maillée de CPTS. L’hypothèse est que l’ampleur des difficultés auxquelles étaient, et sont encore, confrontés les professionnels de santé les a mobilisés d’une part pour s’emparer des dispositifs créés par la loi, d’autre part pour fédérer leurs confrères afin de mettre en place de nouvelles organisations à leur image.
La région est un exemple de territoire en décroissance qui a vu dans ses difficultés une opportunité de réinventer des dispositifs nationaux, pour les adapter, les rendre plus efficients et riches d’un « vécu ».
Il serait cependant utopique de penser, face à leurs difficultés majeures, que les territoires détiennent toutes les clés pour se redynamiser et que cette mobilisation puisse se pérenniser face à des contraintes croissantes et un épuisement généralisé et inquiétant des médecins.
S’ils sont les plus à même d’identifier leurs besoins et de proposer des solutions adaptées, issues de leurs expériences, ils ne peuvent se passer du soutien de l’État, en moyens, dispositifs légaux et confiance.
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